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Gérard Depralon

CHABEUIL EN LIGNE,
REPORTAGE DESSINE

LIVRE N&B
44 pages . 21x30
production : Ville de Chabeuil
Préface : Claude Meunier

résidence d’artiste, commande de la Ville de Chabeuil, juillet 2012

reportage dessiné - Chabeuil
Reportage dessiné à Chabeuil

ELOGE DU DESSIN -
[Gérard Depralon s'y reconnaîtra peut-être]
 

La photographie plaque ;
le dessin projette.

La photographie cadre ;
le dessin élargit.

La photographie saute au visage ;
le dessin prend ses distances.

La photographie saisit (les philosophes aiment dire, sans blague, que 'la photo chope') ;
le dessin restitue.

La photographie est datée et appelle la photo d'après,
pas le dessin.

La photographie passe ;
le dessin s'arrête.

La photographie ne voit (presque) rien ;
le dessin (re)voit tout.

La photographie brise (la frac/tion de seconde) ;
le dessin ravaude.

La photographie c'est l'émotion ;
le dessin, c'est l'intellect.

La photographie dit : 'quelqu'un était là' ;
le dessin répond : 'je suis à ma table de travail'

La photographie prend, pour garder ;
le dessin croque, pour regarder.

La photographie voit ;
le dessin sait.

La photographie, c'est l'œil absolu ;
le dessin, c'est l'œil relatif.

La photographie est toujours 'dans les grandes lignes' ;
le dessin est 'à petits traits' ;

La photographie est plane, dure, vive ;
le dessin est profond.

La photographie est prompte ;
le dessin est patient.

La photographie, c'est l'effleurement ;
le dessin, c'est l'insistance,
et l'insistance, pour Gérard Depralon, sur le fragile et le rafistolé : à force de travail et de patience, de balade observante, il est bien allé chercher les éléments les plus ténus de nos paysages chabeuillois, les détails les plus insignifiants et les plus périssables ; il s'y est arrêté et les a ramenés dans le dessin. Regardez bien : le Chabeuil de Depralon est un village précaire, fugace, où il a inlassablement relevé les traces de l'activité humaine, les traces de travail et de bricolage, les fils qui pendouillent, les raccommodages, les fissures, les clous qui dépassent, les herbes folles, les barrières mal ajustées. Depralon est un de ces promeneurs lents, spécialistes de la vie minuscule, la seule qui vaille d'être notée, faite de hasards, de possibles limités et de circonstances ; ce qui est indestructible ne l'intéresse pas (et ça tombe bien, moi non plus) et il a bien compris que l'intemporel, pour l'urbanisme comme pour le reste, n'est qu'une vaste blague. On dirait qu'il n'a promené ses carnets que devant des paysages qui vont disparaître, sachant bien qu'il n'y a d'invariant que le travail des hommes et que ce qui dure longtemps, c'est précisément la somme des fragilités du moment, dont le dessin, le trait, assure finalement la cohésion. Un paysage ne se comprend bien que dans la somme de ces fragilités raboutées, faiblesses et lézardes, que le dessin ravaude, trait par trait, fil à fil ; le reste est mensonge, ou fantasme... Notre seul ciment (s'il en faut un...) : ces petits signes urbains qui font l'anecdote de nos vies, ce qui en somme les rend 'historiques' et travaillées, humaines pour tout dire. Et en effet, un village, c'est périssable, Chabeuil comme les autres ; contrairement aux apparences, tout ça est éphémère et, comme dit l'autre : 'la forme d'une ville change hélas plus vite que le coeur des humains.' Gérard Depralon rend très sensiblement compte de ce paradoxe, parce qu'encore une fois,
la photographie ment,
mais le dessin un peu moins.

La photographie ne fait pas d'histoires,
le dessin un peu plus.

Le dessin, c'est presque-rien,
et c'est l'essentiel.

Claude MEUNIER

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